La novlangue, arme d’abêtissement massif

Photo : http://pousse-toidemonsoleil.eklablog.com/la-preuve-par-l-absurde-a117369516

Je me suis déjà moqué dans ce blog des adeptes de la nouvelle langue baptisée « novlangue ». Pour les non initiés, la (le ?) novlangue a été inventé(e) par Georges Orwell dans le roman 1984 qui en donne, par la voix d’un de ses personnages, la définition suivante :

« Ne voyez-vous pas que le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? A la fin nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer. »

Si je réanime le sujet c’est parce qu’on vient de réaliser dans le genre de nouvelles prouesses. Les expressions « novlangue éducative » suscitent toujours la franche rigolade, mais elles finissent par inquiéter quand on sait que ce sont de supposés intellectuels du Conseil supérieur des programmes qui…sans rire, les préconisent ! N’y aurait-il pas derrière tout cela une volonté délibérée d’infantiliser nos petites têtes blondes ?

Comme vous allez le constater en lisant le message que m’adresse un ami internaute et que je reproduis in extenso ci-dessous (1), les conseillers du ministère de l’Education nationale sont à “donf” dans la périphrase et lui redonnent du même coup toutes ses lettres de noblesse.

Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet, voici un lien qui devrait satisfaire leur curiosité :

Je vous souhaite un agréable moment de détente.

(1) je me suis autorisé à mettre en gras dans le message les expressions novlangue. L’auteur ne devrait pas m’en tenir rigueur.

 

Objet : réflexions d’une parente d’élève sur la novlangue éducative .


Désolée je ne peux pas m’en empêcher. Je craaaque.
Amatrice inconditionnelle de la novlangue pédante, bureaucratique et politiquement correcte, je me dois de partager avec vous les dernières découvertes.
Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais « hôtellerie en plein air ». Ha ha !
J’ai aussi appris que je n’étais pas petite mais « de taille modeste » et qu’un nain était une « personne à verticalité contrariée ». Si, si !
Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à gogo. J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier « l’outil scripteur » au lieu de tenir un crayon.
Je me suis habituée au fait que les rédactions sont des « productions écrites », les courses d’école des « sorties de cohésion » et les élèves en difficulté ou handicapés des « élèves à besoins éducatifs spécifiques ».

Mais cette année, sans discussion aucune, la palme est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège.
Z’êtes prêts ?… Allons-y.
Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à « maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres ».
Il n’y aura plus de dictée mais une « vigilance orthographique ».
Quand un élève aura un problème on tentera une « remédiation ».
Mais curieusement le meilleur est pour la gym… oups pardon ! pour l’EPS (Education physique et sportive).
Attention, on s’accroche : courir c’est « créer de la vitesse », nager en piscine c’est « se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête », et le badminton est une « activité duelle médiée par un volant ».
Ah! C’est du sportif, j’avais prévenu !…
Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de chat).
Alors, les amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la *« personne en cessation d’intelligence » autrement dit, le con.*
Signé Martina Chyba, parent d’élève. Ah non, re-pardon… Martina Chyba, « génitrice d’apprenant ».
Ben oui, un « outil scripteur » c’est un stylo, un « référentiel bondissant » c’est un ballon, et un « bloc mucilagineux à effet soustractif » c’est une gomme.
Je pense que les « zzzzzzzélites » qui ont inventé de telles conneries devraient tous être en hôpital psychiatrique…

 

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  1. Bonjour, La pertinence de cet article s’avère très précieuse en ces temps troublés :l’atavisme des manipulations est d’actualité !Aborder des sujets dits de société, contribue, en les vulgarisant, à nous conforter sur le fait de ne pas être seul à assumer le vécu et la volontéd’en partager l’analyse dans la perspective d’améliorer les choses…Respect pour ceux qui en sont à l’initiative. Cordialement.

    Date: Mon, 1 Feb 2016 15:04:53 +0000 To: penfornis56@outlook.fr