Un éditorial pour les non avertis

En 2009, le groupe a dû se résoudre à un plan d'économies : gel des salaires et départ anticipé de 125 personnes. Mais pour Hutin, pas question de lâcher la barre.

Photo : http://www.lexpress.fr/region/francois-regis-hutin-50-ans-de-ouest-france_846087.html

Naïveté, aveuglement, mauvaise foi, les mots me manquent pour qualifier l‘éditorial que M. François Régis Hutin a présenté dans l’Ouest-France des 12 et 13 mars derniers !

Comment peut-on s’interroger sur le malaise et le pessimisme ressentis par les français quand on connait la situation du pays ? Pire, comment peut-on mettre en avant des pseudos atouts dont on disposerait pour combattre ce pessimisme sachant qu’ils sont discutables. Tenez, prenons un à un ces quatre atouts dont on devrait se prévaloir.

La démographie est positive dit l’éditorialiste. Certes, malgré un léger recul, elle est la meilleure des pays qui nous entourent. Mais elle due à qui ? Aux français de souche où aux français de l’immigration ? Aie aie ! la question qu’il ne fallait pas poser. Ces derniers on le sait mais on ne le dit qu’à mots couverts, sont les champions des familles nombreuses. Ces mêmes français sont aussi ceux que l’on trouve majoritairement dans nos prisons. Oh la la je sens que j’aggrave mon cas ! Voyez ce qui se passe en Allemagne qui, jusqu’à l’arrivée massive des migrants, présentait un taux de fécondité de 8,2 enfants pour mille habitants entre 2010 et 2015. Elle compte justement sur cet apport de sang étranger (1 million de migrants accueillis en 2015) pour booster son économie à main d’œuvre pas chère et… ses naissances.

De nombreuses entreprises dynamisent notre économie parait-il. Certes, heureusement il y a encore des entreprises qui “marchent” mais combien délocalisent et combien ferment-elles chaque jour ? Combien de plans de sauvetage et à quel prix durant ces 10 dernières années (Banques, ArcelorMittal, Alstom…)  ? Pouvez-vous nous en donner la liste M. Hutin ? Au fait, et notre fleuron nucléaire (AREVA), comment se porte-t-il actuellement ? Très franchement, à part le Luxe, l’aéronautique, les Banques et le tourisme qui sont au top, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser.

Notre recherche va plutôt bien. Pourtant elle ne représente que 2,23% du Produit intérieur brut.

Notre diplomatie a remporté un grand succès grâce à la COP 21. Victoire en trompe-l’œil tout le monde médiatique ne partage pas votre enthousiasme. Il y a eu effectivement beaucoup de fleurs adressées à M. Laurent Fabius à l’issue de ce grand raout mondial dont on ne pouvait pas conclure autrement que sur une note positive, d’ailleurs arrachée au forceps. Mais maintenant combien de ces pays signataires vont appliquer les quotas qu’ils se sont imposés ?

Info de dernière minute, Ouest France dans son édition du 18 mars page 3 titre en gros caractères  :” Accord sur le climat : le plus dur reste à faire. Le succès de la Cop 21 à Paris était un point de départ. Il faut désormais lancer la dynamique. Intérêts nationaux, reculades politiques… Les voyants ne sont pas forcément verts”. Si maintenant le journal contredit son PDG une semaine plus tard…

La prose de M. FR Hutin est vraiment détestable. Je vous ferai donc grâce du reste de ses élucubrations que vous trouverez ici si le cœur vous en dit. Je me contenterai d’un dernier exemple qui illustre parfaitement la manière on abuse de la crédulité des gens non avertis.

M. Hutin prend l’exemple de notre Sécurité sociale qui suscite selon lui l’admiration. On peut lui concéder que notre système de santé a longtemps été cité en exemple dans le monde. Mais c’était il y a longtemps. Depuis, les mots: profit, rentabilité, restructuration, mondialisation et leurs lots d’injustice ont marqué la dégradation progressive de notre société et l’éditorialiste n’en parle pas.

Au risque de vous déplaire M. Hutin,voici quelques exemples qui illustrent la mauvaise santé de notre Sécurité sociale : le nombre de médicaments non remboursés diminue régulièrement chaque année depuis 6 ans. Le ministre de la Santé favorise le transfert des remboursements de soins vers les mutuelles qui ne sont pas gratuites et qui vont voir leurs tarifs augmenter régulièrement au fil des ans. Au-delà de certains quotas annuels de boîtes de médicament, les assurés sont pénalisés. Le nombre de nouveaux médecins ne couvre pas celui des partants à la retraite. Les rendez-vous chez certains spécialistes doivent être pris 6 mois, voire à un an à l’avance. Le nombre de lits dans les hôpitaux est réduit. Les vaccins tétravalents sont en rupture. Les urgences peuvent déborder à chaque instant; le cas récent au CHU de Brest n’est qu’un exemple. Dernier exemple qui laisse songeur et qui date du 18 mars, un médecin de Haute-Loire ne trouvant pas de successeur propose sur le “Boncoin” de céder GRATUITEMENT son cabinet avec ses équipements informatiques. Et dire qu’il y a des gens pour affirmer que tout va bien !

Pour terminer ce long billet je reprendrai à mon compte la phrase qui sert de conclusion à l’article de référence mais en y apportant une légère nuance. “nous sommes un peuple rétif à la réforme mais prompt à la révolte qui n’est que l’expression de… l’ INJUSTICE” et non de l’impuissance.

 

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  1. Les médias coutent chers et dépendent souvent des financements privés, ils s’adressent à leurs clientèles, même problème pour la politique. Cette presse est rarement indépendante, préférons plurielle. Pour ma part, après les bonnes pages de la gazette locale (le télégramme en particulier certaine dernière page) je fais confiance à la revue de presse de Natacha Polony sur Europe 1, en cinq minutes j’ai une information et une analyse des grands évènements. Parfois je m’intéresse à un article de fond signé d’une belle plume ou un bouquin mais là il faut accepter la complexité de notre monde et abandonner les conclusions en 140 caractères.
    http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse/lalgerie-ne-sait-plus-ou-elle-va-2696110

  2. Excellente analyse citoyenne dont la pertinence s’inscrit dans la prise de conscience et de parole libérées selon les opportunités offertes par l’actualité qui nous concerne tous. Le fait de se sentir
    acteur possible des choix intervenus en notre nom gratifie chacun et réactive son énergie non seulement pour un bénéfice potentiel personnel mais également partagé avec d’autres, connus ou inconnus … C’est positif et rassurant pour l’idée que je me fais de la spécificité d’un être humain tellement réduit à une réalité « marchandise » : elle n’a pourtant pas de « prix » ! Osons le
    traduire en actes, chacun à notre manière lorsque des alternatives s’imposent à nous. Le ressenti se découvre libérateur avec un regain de vivre communicatif.