Gilets jaunes acte II : et maintenant on fait quoi ?

En montant à Paris le 24 novembre 2018 pour manifester sur la plus belle avenue du monde, une semaine après le début du mouvement, les « Gilets jaunes » ont affiché une détermination qui devrait donner à réfléchir à nos gouvernants.

Pour l’heure, le nouveau ministre de l’Intérieur Castaner se contente d’annoncer des chiffres (contestables), de féliciter les forces de l’ordre (qui n’ont pas besoin d’encouragements pour cogner sur les retraités) et d’affubler Marie Le Pen et l’Extrême Droite de tous les maux (des boucs émissaires idéals dans le combat politique).

Mais cette situation de blocage, parisienne et provinciale, ne peut pas durer éternellement. Il faudra bien trouver une issue à la crise et satisfaire une partie au moins des revendications des manifestants qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et, pour les mieux lotis, qui voient leur pouvoir d’achat diminuer comme peau de chagrin au gré des nouvelles taxes et augmentations. En refusant tout dialogue et en misant sur l’essoufflement du mouvement, le gouvernement prend le risque d’aggraver la situation a un mois de Noël. J’espère que les nombreux conseillers qui gravitent autour de nos responsables gouvernementaux sauront les convaincre de la nécessité de dialoguer.

Négocier oui mais avec qui ? Si jusqu’à présent le mouvement partait dans tous les sens, une coordination est en train de se mettre en place si l’on en croit madame Jacline Mouraud hier samedi soir sur le plateau de « Salut les Terriens ». Le mouvement devrait donc disposer rapidement de leaders et porte-paroles représentatifs. Cette étape franchie restera à définir une liste de revendications acceptables par les deux camps, sachant que ceux qui sont dans la misère aujourd’hui le seront encore demain même si un moratoire sur l’augmentation des carburants prévue en janvier 2019 est décidé.

On s’achemine donc vers une troisième étape pleine d’incertitudes. Quels que soient les évènements qui vont suivre, il y aura désormais un avant et un après les « Gilets jaunes » qui va coller aux basques du Président Macron. Jupiter aura réussi le tour de force de mettre le peuple dans la rue sans la participation des syndicats (plutôt discrets en ce moment, si l’on excepte le Président de la CFDT qui pense probablement à sa reconversion). Aucun Président jusqu’à présent ne peut se vanter d’un pareil succès. J’en connais qui doivent se friser les moustaches et penser déjà à 2022.

Photo: Jean de Pont-Scorff