COVID-19 : Confinement – Dé-confinement

Çà ne pouvait plus durer ! Le peuple français parait-il s’impatiente. Il a besoin d’argent, et ça tombe bien, l’État et les entreprises aussi. Alors il est temps de penser à la reprise; mais rassurez-vous elle sera progressive, dixit le Premier ministre qui s’adressait aux français dimanche 19 avril 2020.

Pourtant on peut dire que le confinement qui consistait à limiter un afflux important de malades vers les hôpitaux – si l’on excepte les « clusters » (je préfère le mot zones) d’Alsace et de l’Île-de-France durement touchés et quelques incivilités (225.000 PV) relevées dans le pays – a apparemment porté ses fruits. Les chiffres pour certains étaient même encourageants en regardant les bilans journaliers et globaux publiés régulièrement depuis le début du confinement par le DG de la Santé, le professeur Salomon (1). On aurait atteint « le plateau » tant espéré ce qui n’empêche pas quand même de déplorer 200 à 300 nouveaux décès par jour ! Un argument pour « ceux qui voient le verre à moitié plein », le confinement aurait sauvé la vie de plus de 60.000 personnes !

Néanmoins, 21.856 de nos compatriotes (chiffre officiel au 23 avril 2020) sont décédés depuis le 1er mars 2020, mais il y avait parmi elles, des plus de 70 ans (8.309 dans les établissements médicaux-sociaux), des personnes en surpoids, d’autres déjà bien malades. Ces constatations qu’on nous a rappelées fréquemment pourraient laisser supposer (horreur !) que le virus n’a fait qu’accélérer des destins déjà scellés. D’autant que les 12 millions de jeunes (l’avenir du pays) semblent protégés et que l’on peut être infecté sans le savoir, par conséquent sans danger pour soi ! Alors pourquoi s’inquiéter ? L’idée d’une reprise a donc germé rapidement dans les esprits des autorités aidées en cela par celles et ceux qui pour de nombreuses raisons, tout à fait légitimes, ont poussé à la roue des « décideurs » et, conseillées par certains scientifiques partisans de l’immunité de groupe selon lesquels 60 à 70 % de personnes infectées enrailleraient la progression du COVIT-19).

En envisageant une reprise progressive dès le 11 mai, le Premier ministre a ouvert la boîte à pandore des problèmes pour l’instant sans solutions arrêtées. Elles sont à l’étude (nous y travaillons disait autrefois Ségolène) et seront précisément connues dès le 28 avril quand il proposera aux députés son plan de reprise non sans avoir été attentif aux cris d’orfraie de nombreuses professions qu’on a entendues au cours de cette semaine écoulée. D’ores et déjà, si l’on se fie aux interventions de professionnels et commentateurs, de nombreuses activités vont reprendre et quelques unes vont rester à l’arrêt comme les hôtels, bars, spectacles, voyages… Adieu le confinement et ses mesures sévères, place au relâchement et son lot d’incohérences.

Mais il va falloir faire preuve d’une grande prudence. Car il ne s’agit pas de provoquer une seconde vague de malades qui mettrait à genou nos soignants. Les autorités jouent gros en prenant cette décision. Heureusement, elles ne sont pas les seules. D’autres pays européens vont aussi relancer leur machine économique et quelques uns l’ont déjà fait. Ce qui permettra d’affirmer : « Nous n’étions pas les seuls à croire en cette reprise« . En envisageant d’ouvrir les petites classes dès le 11 mai, contre l’avis du Conseil scientifique qui aurait préféré qu’on attende septembre, Macron (car c’est à lui seul que reviendrait cette décision) a affiché clairement son intention de mettre les parents au boulot ! Il aurait pu commencer par les étudiants comme cela s’est fait ailleurs. Le message est donc clair : il faut y aller ! On a dit qu’Édouard Philippe aurait préféré une reprise par région ce qui aurait été plus prudent et plus logique.

Reste désormais à convaincre celles et ceux qui n’ont pas envie d’être contaminé.e.s. Pour eux, il suffira de porter les masques (qui n’étaient pas utiles dès le début de la pandémie). Les commandes passées vers le 20 mars ayant peu de chance d’être livrées pour le rendez-vous, il nous appartiendra de nous débrouiller ou d’en acheter. Pour rassurer d’autres citoyens, il est prévu de procéder à des tests (pas pour tout le monde et pas tous les jours) afin d’identifier « les contaminés ». Il est même envisagé de les isoler dans des hôtels ! Je doute que cela soit très populaire. Les autorités médicales ont demandé le 23 avril que le port du masque soit obligatoire pour tous dès le 11 mai. L’expérience du confinement nous a appris que ces masques ne font que ralentir la propagation du virus, il est donc peu probable que la recommandation des spécialistes soit appliquée à l’exception peut-être des transports en commun, où forcément on rencontrera des réfractaires à cette protection avec les conséquences que l’on peut imaginer. On verra bien. Et pour se débarrasser du virus, en attendant le vaccin miracle, n’oublions pas que tout le monde doit être infecté, alors… tous au boulot et tant pis pour la pagaille qui se profile !

(1)  Salomon, prophète et roi d’Israël (970 – 931 av JC) était réputé pour sa richesse et ses jugements. Notre Salomon est réputé pour ses statistiques journalières et ses hésitations concernant l’utilité des masques.

Photo : prise lors de la grippe espagnole aux USA (hiver 1918-1919). Vous noterez la mention : « Portez un masque ou vous irez en prison » indiquée sur la pancarte de la personne à droite sur la photo. Cette photo a été extraite du site : https://www.touslesjourscurieux.fr/ Les amateurs de chiffres et de dates observeront aussi la similitude des années des deux pandémies (1919 et 2020).