COVID-19 : mais il vient d’où ce virus ? (partie 1)

J‘envisageais de vous parler aujourd’hui de l’origine de ce fameux COVID-19. Pour ce faire, préalablement, je me suis mis en quête d’informations en consultant quelques sites sur le Net quand, chemin faisant, je suis tombé sur un article circonstancié publié par l’Express – journal sérieux s’il en est. Cet article que vous pouvez consulter ici, présentait un travail apparemment digne de confiance, quand, suspicieux, il m’a pris l’envie de le relire et de l’analyser. Et là je me suis dit qu’il fallait, en cette période de fausses nouvelles, s’appesantir sur le sujet et surtout le disséquer pour montrer que, comme le disait si bien Marc Twain : « Si vous ne lisez pas les journaux, vous n’êtes pas informé, si vous en lisez, vous êtes désinformé« . Ce billet, tout en évoquant certaines hypothèses sur l’origine du virus, va vous montrer comment une journaliste (1) qui ne dispose d’aucune information fiable peut se hasarder à ce que j’appelle des « certitudes probables », pire, incriminer un prix Nobel de médecine. Je vous donnerai donc mon avis sur l’origine du COVID-19 dans un second billet, celui-ci, vous l’avez deviné, étant réservé à la critique.

Voici comment débute l’article :

« Depuis l’apparition du coronavirus, les théories fleurissent à propos de sa véritable origine. Même si la piste animale reste la plus probable, selon les scientifiques. »

La véritable origine n’est pas certaine mais reste donc probable. Admettons ! Mais terminer la phrase par : « selon les scientifiques » je me suis dis que le « Rédac en chef » devait pioncer profondément quand l’article a été publié sur le Net. Jamais, au grand jamais, je n’aurais toléré que l’expression « selon les scientifiques«  figurât dans l’affirmation ! En cette période où lesdits scientifiques n’ont jamais été autant divisés et contestés, c’était la maladresse, à ne pas commettre. Là, j’ai tout de suite compris que la crédibilité de l’article allait en prendre un coup. Néanmoins, restant intéressé par les hypothèses qui allaient être abordées, j’ai quand même poursuivi ma lecture. Et j’ai assisté à un véritable florilège de subjectivités à montrer dans les écoles de journalisme.

Dés le début de l’article le prix Nobel Luc Montagnier évoque une hypothèse et la journaliste l’exclut sans autre forme d’explications en précisant que le lauréat a été très souvent « conspué par la profession« . Elle ajoute ensuite, pour conforter son jugement et le discréditer davantage, que cette hypothèse « a été largement décriée depuis » (Quand ? par qui ?). Donc inutile d’insister, M. Montagnier est un joyeux plaisantin, passons à autre chose.

La journaliste s’autorise après à définir une échelle de valeurs arbitraire en définissant une fourchette de suppositions qui va : « de la plus probable à la plus farfelue« . En matière d’objectivité, il me semble, que l’on puisse faire mieux. Elle entre dans le vif du sujet et passe à l’énumération des hypothèses qui sont pour elle au nombre de cinq.

1) La première est celle de la transmission par un animal : elle précise que « la piste du patient zéro de la pandémie…est toujours compliquée à remonter. Mais elle est retenue [quand même !] à ce jour par la communauté scientifique. Si tous les scientifiques sont d’accord, inutile d’aller plus loin. Dans cette même hypothèse on trouve les expressions : « Si les preuves manquent encore« ; « le virus est sans doute né« ; « Des chercheurs chinois ont affirmé« ; « l’animal pourrait… être le pangolin« ; « l’hypothèse [est jugée] plausible mais elle n’est pas vérifiée ». Toutes ces approximations n’empêchent pas la journaliste de qualifier l’hypothèse de « Probable » .

2) La deuxième hypothèse envisage la sortie du virus d’un labo par accident : « [La] théorie court… » depuis la publication d’un article américain… »depuis retiré » ouf ! mais reprise par un autre journal (le Washington Post) mettant en doute la sécurité des 2 laboratoires de Wuhan. Mince ! On serait tentés de faire confiance à ces deux collègues journalistes US. Eh bien non ! Pour mettre en défaut cette hypothèse il suffit de croire dans les allégations d’un biochimiste et d’un chercheur de l’Institut Pasteur dont les propos sont repris in extenso par notre journaliste (je vous en fais grâce). Pour confirmer le rejet de cette hypothèse notre femme cite un confrère du Monde affirmant que : « L’hypothèse d’une origine synthétique du SARS-CoV-2 est écartée. » et « S’il est bien possible de créer de toutes pièces des virus, tous les indices convergent ici vers une origine naturelle de ce nouvel agent infectieux« . « Thèse également réfutée par les autorités chinoises« . Ça tombe bien, c’est sa théorie depuis le début. Mais la possibilité réelle « de créer de toutes pièces des virus » ne semble pas l’avoir interpellée. C’est pourtant la théorie du Professeur Luc Montagnier déjà évoqué plus haut et de nouveau ci-dessous. Mention « Farfelue » pour cette hypothèse.

3) La troisième hypothèse est la création du virus par l’homme en manipulant le virus du VIH : c’est celle défendue par le Professeur « très souvent conspué » et « habitué des polémiques et désormais très controversé dans le monde scientifique« . L’origine de cette hypothèse est une étude indienne publiée début février dont la journaliste de l’Express, sans préciser par qui et pourquoi, affirme qu’elle a été « rapidement qualifiée de ‘théorie du complot‘ » Allez hop ! Dans la poubelle du complotisme là où la bienpensance journalistique jette tout ce qui n’a pas le label « agences officielles ». Jugeant le discrédit insuffisant, la journaliste estime nécessaire de citer un chercheur du CNRS (à la tête de l’Institut de générique humaine) et un professeur d’infectiologie inconnu œuvrant au CHU de Grenoble lequel « tacle » (comme au foot !) et dit : « Je pense que cela accrédite cette ‘fake news’ qui circule, c’est à dire la théorie du complot, c’est à dire le refus de l’évidence« . Fermez le ban, mettons Luc Montagnier à la retraite et passons à l’hypothèse suivante. Mention « Farfelue ».

4) La quatrième hypothèse est l’importation du virus par des militaires américains : cette hypothèse aguichante a le mérite de frapper l’œil du lecteur. On imagine un sale coup des ricains (ce ne serait pas le premier). Le coup de Jarnac aurait eu lieu au cours des jeux militaires mondiaux qui se sont déroulés à Wuhan en octobre 2019. Sans surprise, c’est « une rumeur » émanant d’un diplomate chinois et confirmée par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Pour notre journaliste, les autorités chinoises auraient ainsi « repris des théories du complot circulant sur Internet ». Beaucoup trop rocambolesque pour avoir la mention « Probable ».

5) Reste l’hypothèse d’une arme biologique : alors là, on rentre dans un domaine qui relève de la science fiction. C’est du moins ce que l’on peut penser quand la journaliste affirme : « Le laboratoire de Wuhan est décidément la cible de nombreux soupçons fantasmés« . Vous avez dit fantasmés ? Il y a pourtant des gens sérieux comme l’ancien professeur de Droit international Francis Boyle, (auteur de Guerre biologique et terrorisme. Retour sur les attaques terroristes à l’anthrax) qui défend l’idée que les virus sont aussi des armes élaborées dans des lieux comme ces fameux laboratoires P4 que l’on trouve dans la plupart des pays, en course perpétuelle à l’armement. Ce genre d’hypothèse s’est [donc forcément] vite répandue sur les réseaux sociaux, selon le Monde; on ne peut pas par conséquent lui accorder un quelconque crédit, car chacun sait que les réseaux sociaux ne colportent que mensonges et âneries. Comme par ailleurs  » l’institut de virologie de Wuhan a évidemment démenti cette théorie » il est inutile de chercher plus loin. Mention « Très Farfelue » pour cette dernière hypothèse.

Et voilà comment cher lecteur une journaliste assoiffée d’objectivité et de vérité vous présente l’origine du virus ! C’est à prendre ou à laisser. Moi je laisse et m’étonne que Christophe Barbier (l’homme à l’écharpe rouge) ait pu laisser ce genre d’article ternir la réputation de son journal. Le respect du lecteur voudrait qu’on lui expose des faits sans l’influencer. A moins qu’on le considère comme un ignorant à éduquer, mais alors ce n’est plus le rôle d’une journaliste.

Restant sur ma faim et considérant que le sujet avait été orienté à dessein, je me propose, comme annoncé plus haut, de le « retraiter » sous un autre angle dans un prochain billet.

 

(1) Il s’agit de Madame Cécile de Sèze qui possède un Master 2 de journalisme et une licence en médiation culturelle (?). Elle est débutante à l’Express où elle est entrée en juin 2019. Précédemment elle a travaillé 7 ans à RTL.

 

Pour information, je vous présente ci-dessous la version de notre chaîne nationale France 2 qui traitait, le 17 avril dernier, de façon similaire le sujet. Vous observerez également, parmi les mêmes hypothèses envisagées, que celle impensable (mais possible) d’un acte volontaire n’est pas non plus abordée. Étrange non ?

Photo : https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/jean-yves-le-drian-inaugure-le-laboratoire-p4-de-la-dga