Présidentielles 2022 : 2ème tour serré ?

Sans attendre le grand débat traditionnel qui doit opposer Emmanuel Macron et Marine Le Pen demain mercredi 20 avril à 21 heures, et dont il est difficile d’évaluer les possibles incidences, on peut déjà avancer que le vainqueur ne fera pas l’unanimité de nos concitoyens. Sauf surprise toujours possible, les candidats à l’Élysée se partageront presque équitablement les voix exprimées et l’élu(e) aura certainement la joie modeste en pensant aux millions de gens mécontents de sa victoire.

Nos compatriotes étaient 12,8 millions (26% des inscrits) à avoir boudé les urnes. On peut arrondir à 1 français sur 4. Les bulletins blancs et nuls ont représenté moins d’un million de voix soit respectivement 543.633 et 237.021de mécontents officiellement comptabilisés. Restaient 34.6 millions de bulletins qui se sont répartis entre les 12 candidats en lice. Les 3 meilleurs ont obtenu les suffrages suivants :

A l’aune de ces résultats on observe tout d’abord qu’Emmanuel Macron et Marine Le Pen représentent chacun, à peu près, un Français sur 4 ce qui soit dit en passant est très nettement insuffisant pour gouverner un pays (c’était aussi le cas pour Jacques Chirac mais élu à 82,2% lors du second tour !). Ensuite, on remarque, et ce qui est rageant pour le candidat Jean-Luc Mélenchon qu’il aurait pu devancer Marine Le Pen si les voix communistes s’étaient logiquement reportées sur lui. Malheureusement, Fabien Roussel, le trouble-fête, lui a chipé 802.422 voix. D’un autre côté, il faut reconnaître que Jean-Luc  Mélenchon a aussi bénéficié de nombreuses voix socialistes qui à l’origine ne lui étaient pas destinées.

Bien malin, au vu de ces résultats et des incertitudes des reports de voix notamment celles de Mélenchon (7.712.720), celui qui peut affirmer que l’un ou l’autre emportera la majorité des suffrages exprimés dimanche prochain. Logiquement Emmanuel Macron devrait sortir vainqueur non pas par l’excellence de son précédent quinquennat ,entre autre antisocial, mais par l’incertitude de celui de Marine Le Pen. Comme le disait ce matin Yvan Le Bolloc’h sur RMC (le Mélenchoniste de la caméra cachée), entre 2 maux (Emmanuel Macron l’adversaire et Marine Le Pen l’ennemie) je choisis l’adversaire. Rien ne dit que ce sera la position de tous les votants Mélenchonistes dimanche 24, loin s’en faut.

Dans un précédent billet, antérieur au premier tour, j’avais affirmé que ces élections présidentielles seraient celles qui opposeraient les Européistes aux nationalistes. Les premiers (les Maastrichtiens) dont Macron à leur tête prônant la dilution du pays dans l’Europe au nom du sacro-saint ultralibéralisme , les seconds (les anti maastrichtiens) considérant que la France doit conserver coûte que coûte son identité (dans ou à l’extérieur de l’Europe).

Et puis, Michel Onfray est passé par là ! Et pas plus tard que ce matin où il était interviewé par la journaliste Apolline de Malherbe sur RMC. Les arguments du philosophe essayiste m’ont à nouveau séduit, moi qui n’ai pas digéré le coup d’État de Nicolas Sarkozy qui a transformé honteusement, par un artifice parlementaire, un suffrage universel opposé à Maastricht le 29 mai 2005 en OUI 3 ans plus tard ! (le 4 février 2008). 

En s’exprimant ce matin (voir plus bas), Michel Onfray a ouvert les yeux des anti maastrichtiens notamment en montrant les revirements de Marine Le Pen sur ses précédentes positions sur l’Europe (plus de Frexit, plus de sortie de l’Euro, plus de voile interdit dans les lieux publiques, plus de Schengen…) En fait, elle s’insère progressivement et subrepticement dans le moule européen. Si elle est élue, malgré les promesses séduisantes annoncées, elle devra convaincre les 26 autres pays de ses préférences nationales ce qui n’est pas gagné. Les référenda d’initiative citoyenne (RIC) prévus risquent d’être mal vus à Bruxelles et mal entendus au-delà de nos frontières.

Malgré cela, son élection ne manquerait pas de piment. Après tout, on ne savait rien en 2017 des capacités d’ Emmanuel Macron en matière de gouvernance. Une chose par contre est sûre, si Marine Le Pen passe, les manifestations anti RN de la Gauche (très mal remise du quinquennat Hollande) ne manqueront pas d’envahir régulièrement les rues et sa politique sera vouée aux gémonies de la plupart des médias mainstream.

Alors, faut-il choisir entre « l’adversaire » et « l’ennemie » ? S’abstenir ou voter blanc ? Cruels dilemmes !

Voici l’interview de Michel Onfray donnée le 19 avril 2022 sur RMC (une bouffée d’oxygène pour nos neurones asphyxiés par le matraquage médiatique des présidentielles) :

NB : dimanche nous saurons aussi si Jacques Attali, l’homme qui parle à l’oreille des présidents, a vu juste en annonçant en 2014 que le prochain président sera une femme. 🙂

Pour le plaisir, voici ses prévisions de 2014 et 2018 (1mn15) :

Photos : https://www.lematin.ch/story/la-presse-francaise-titre-sur-le-duel-entre-macron-et-le-pen-342751980956 – Ministère de l’intérieur – https://www.closermag.fr/ Interview : RMC – Vidéo : BFM/TV et LCI.