Présidentielles 2022 : pas de vrais débats, comme en 2017 (1)

Le Covid disparaissant progressivement du paysage médiatique pour laisser la place aux présidentielles, tout semblait se passer naturellement dans l’ordre des choses. Et puis patatras ! Poutine est venu jouer les troubles fêtes en envahissant l’Ukraine le 22/02/22, (l’intéressé aimant, parait-il, les dates palindromes) ! Pourtant si l’on en croit Franklin Roosevelt  « En politique, rien n’arrive par hasard ». Serait-ce aussi le cas en géopolitique ? Quoi qu’il en soit c’est maintenant au tour des Présidentielles de passer au second plan de l’actualité. Qui l’eût cru ?

La campagne prend donc une  nouvelle tournure qui ne doit pas faire plaisir à tout le monde. Je pense à l‘ensemble des candidats qui rêvaient de tailler des croupières à notre Président sortant, pas encore déclaré, mais dont le bilan est loin d’être exemplaire. Nous aurions aimé connaitre ses projets et justifications particulièrement sur le pouvoir d’achat, l’inflation galopante, la question migratoire, la santé, la vieillesse, l’islamisme, le comblement du déficit, le traitement de la crise sanitaire, les retraites et j’en oublie. La guerre qui l’occupe à plein temps va le mettre à l’abri de toutes ces questions dérangeantes ou du moins lui éviter de s’étendre sur ces sujets. En attendant, saluant l’énergie qu’il déploie pour apaiser le camarade Poutine même si l’affrontement s’apparente davantage au combat de David contre Goliath… et qu’une fronde (à moins qu’elle ne soit internationale) ne suffira pas cette fois pour terrasser le géant.

D’emblée et pour dissiper tout malentendu, sachez que je ne me revendique d’aucun parti politique et que je ne supporte aucun candidat. Après avoir voté à Gauche, à Droite – et même écologiste – (jamais au Centre), mon âge avancé m’a appris qu’il y a des gouvernants et des gouvernés. Cette formule concise signifie qu’il n’y a pas de miracles à attendre des gens qui dirigent et que les urnes ne sont pas des boîtes à bonheur. Cependant, il faut voter car c’est un des rares privilèges que nous conservons encore : celui de choisir notre exécuteur des hautes œuvres. 🙂

Pour en revenir à la campagne annoncée par les télés comme « passionnée et violente », je souhaiterais tempérer l’enthousiasme de certains supporters hypnotisés par les promesses alléchantes de leur mentor et leur rappeler que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent (Henri Queille). Le meilleur exemple étant celui d’un certain Macron que l’on considérait en 2017 comme l’homme providentiel que la France espérait. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour s’apercevoir que c’est plutôt l’Europe qui l’attendait. Souvenez-vous de l’Ode à la joie de Beethoven qui a accompagné son entrée sur scène au Louvre au soir du 7 mai 2017. Il annonçait déjà la couleur. S’en est suivi les Gilets jaunes, le débat sur les retraites…

Les Français auront donc à choisir entre les candidats de la Gauche anti capitaliste (Mélenchon, Arthaud, Roussel, Kazib), la Gauche traditionnelle (Hidalgo), la Gauche écologiste (Jadot, Waechter), le Centre (Macron), la Droite (Pécresse), la Droite souverainiste (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan, Martinez, Asselineau) et une flopée de candidats divers qui n’ont aucune chance d’être à l’arrivée. Deux camps se dessinent : les Européistes (Macron, Pécresse, Hidalgo, Mélenchon, Jadot) représentant d’après les sondages 60% des projections et les Souverainistes (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan) représentant aux environs de 30% des sondés. Le Président sortant retrouvera à coup sûr ses 25% de supporters. Sa qualification est quasiment assurée. Reste à trouver son challenger. Quatre candidats peuvent potentiellement se retrouver dans le duel du second tour : Pécresse dont l’attitude et les maladresses risquent pourtant de lui coûter cher, Le Pen qui comme en 2017 devrait retrouver son socle de sympathisants, Zemmour le gaulliste inattendu, et Mélenchon qui peut créer la surprise. Les reports de voix et les abstentionnistes maintiendront le suspens jusqu’au bout. (2)

Au final il nous faudra opter pour un Européiste dont les promesses de campagne attrayantes se heurteront aux exigences bruxelloises notamment en matière de dépenses et de réglementation, ou, pour un souverainiste en perpétuelle rébellion contre les décisions européennes. Que vous le vouliez ou non vous voterez donc pour L’Europe ou la France. Quand on se souvient que les Français, par référendum le 29 mai 2005, avaient rejeté le Traité constitutionnel européen…

L’excitation de l’élection retombée, quel que soit le Président désigné, guerre ou pas, les Français seront vite replongés dans les tracas et problèmes du quotidien. Notons qu’ils sont particulièrement gâtés depuis 2017. Après la crise des Gilets jaunes, la crise sanitaire, la crise en Ukraine, voici que le GIEC trouve le moment opportun pour sortir un nouveau rapport encore plus alarmant sur le climat. Dépressifs, regardez ailleurs !

Souverainiste dans l’âme, je vous propose le bref discours de bienvenue du LR Bardella lors de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Parlement européen le 19 janvier 2022. Des propos qui ne peuvent pas laisser insensible un vieux gaulois rétrograde mais dont se moque un jeune idéaliste qui œuvre pour un nouvel ordre mondial. A vous de choisir, mais ne vous trompez pas. 🙂

 

(1) En 2017 c’est l’affaire Fillon qui avait éclipsé les débats et favorisé l’arrivée de Macron.

(2) Il serait inconvenant de parler des candidats aux présidentielles sans évoquer le rôle prépondérant qu’à joué François Bayrou – notre dynamique et devin Haut Commissaire au plan chargé d’imaginer la France de 2050 – pour venir en aide aux participants qui risquaient de ne pas obtenir les 500 parrainages requis. Son idée géniale de créer un réservoir à parrainages à permis de pallier les obstacles anti-démocratiques mis en place par le législateur pour sélectionner les impétrants. Un grand bravo Monsieur le Haut Commissaire !

Photos :  – https://www.20minutes.fr/monde/3241519-20220224-guerre-ukraine-pourquoi-vladimir-poutine-abstenu-faire-vraie-declaration-guerre – https://www.defense.gouv.fr/portail/actualites2/le-saviez-vous-tailler-des-croupieres-ou-comment-terrasser-l-ennemi-au-xviie-siecle   – https://www.challenges.fr/politique/pecresse-depeint-sa-nouvelle-france-pour-son-premier-grand-meeting_800644 – https://www.letelegramme.fr/elections/presidentielle/candidats-a-l-election-presidentielle-2022-qui-se-presente.php – https://www.cnews.fr/france/2021-10-21/presidentielle-emmanuel-macron-en-tete-au-premier-tour-marine-le-pen-devance-eric – https://www.amazon.fr/Prozac-bonheur-ordonnance-Peter-Kramer/dp/2876912414  Vidéo : PJ de message.

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2 commentaires

  1. L’élection du Président de la République qui va donner à celui-ci les pleins pouvoirs pour 5 années et des décisions à prendre pour bien plus long terme, pour ne citer que « retraites » et « nucléaire » par exemple. Mais ce sujet (important s’il en est) dans le blog va bien moins enflammer les lecteurs que l’article précédent sur Pont Scroff. Et pour cause, l’élu est déjà désigné.
    Pour ma part, je serai absent de ma commune pour les scrutins. Aussi j’ai donné procuration. A mon mandataire qui me demandait pour qui voter, je lui ai répondu qu’il agisse comme quand il fait son marché de fruits et légumes : « qu’il choisisse le moins pourri ».

  2. En politique, il n’y a que la couleur des piquets qui change. Écoutons Henry Guillemin nous expliquer comment Napoléon 3 et les notables étouffèrent la révolution parisienne en déclarant une guerre contre la Prusse, puis après l’étonnante défaite, négociant avec les prussiens pour rétablir l’ordre c’est à dire sauver la bourgeoisie (début de la vidéo jusqu’au Rep 30). Il s’en suivra les guerres de 14–45.

    https://www.youtube.com/watch?v=5NrDXZ78oCU

    L’histoire pourrait hélas se renouveler lorsque je lis dans Marianne (02/03 par Jack Dion) Extraits: « Ursula von der Leyden, la Tsarine de Bruxelles rêve d’étendre sa zone d’influence. En outrepassant ses prérogatives, en pleine guerre en Ukraine, la Présidente de la Commission se prend pour ce qu’elle n’est pas… connue pour ses accointances avec le milieu des affaires ? Jusqu’à plus ample informé, elle n’a été élue par personne [NDLR, Il est vrai que les élections sont vues comme une chose dépassée pour certains cercles]. Ce n’est pas parce qu’elle préside la Commission de Bruxelles qu’elle est investie d’une mission d’évangélisation des peuples »…
    Attention ! Danger.. Sortons de l’émotion et limitons nous à l’humanitaire c’est déjà beaucoup.

    En d’autre temps, Martine Wonner aurait fait une belle Louise Michel.

    https://www.profession-gendarme.com/martine-wonner-dechire-tout-a-lassemblee-nationale-olivier-veran-la-menace/

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