Méthanisation : où en est-on à Pont-Scorff ?

Photo : Co-Meth

C’est en 2010 qu’un projet d’implantation occulte d’un méthaniseur (1), initié par le maire sortant, a été découvert par le Collectif Citoyen Scorvipontain (CCS). Informé de ce projet, le CCS a entrepris une étude “d’utilité communale” présentant les avantages et inconvénients d’une telle réalisation. Au final, cette étude à montré que la viabilité d’un méthaniseur de 50.000 tonnes (par an), comme celui envisagé localement, dépendait d’une quantité importante de déchets que la commune avec une moyenne de 150 Kg par habitant était incapable de fournir. D’où les inquiétudes fondées du CCS de voir le bourg envahi de camions apportant des communes voisines la quasi totalité des déchets manquants avec leur lot de nuisances (bruits, embouteillages, odeurs …). Pour le CCS, la détermination du maire malgré ces nuisances ne pouvait se justifier que par l’intérêt de faire rentrer dans les caisses de la commune surendettée une redevance qui serait prélevée sur chaque tonne de déchet destinée au méthaniseur.

Une réunion publique organisée par le CCS le 8 novembre 2011 a lancé le débat auquel d’ailleurs s’est joint en tant qu’auditeur (?), le Responsable communal à l’environnement,M. Allot, qui partageait à l’époque l’analyse des “méthanisos sceptiques” (voir plus bas mon post de l’époque ) mais très vite on en a plus parlé et le projet est entré en hibernation.

Notre ministre de l’Agriculture du moment (Stéphane Le Foll), en visite au Salon Biogaz qui s’est tenu à Saint-Brieuc fin janvier 2014, a annoncé qu’à l’instar de l’Allemagne qui disposerait de 7500 de ces structures à méthane, la France, qui n’en aurait qu’une soixantaine, s’était fixé pour objectif d’en installer mille unités d’ici 2020. Les financements seraient organisés avec la participation des collectivités locales et, des allègements concernant les procédures administratives, beaucoup trop longues actuellement, seraient pris pour obtenir rapidement les autorisations de projet. Comme il y a loin de la coupe aux lèvres, le ministre, prudent, à précisé que des expérimentations de procédures plus souples seraient menées dans les préfectures d’ici … trois ans. En attendant, il aura bien été remplacé deux ou trois fois et rien ne dit que ses successeurs poursuivent cet objectif.

Comme on le voit, la méthanisation est dans l’air du temps. Les scorvipontains sont donc en droit de se demander si le projet en sommeil va se réveiller à l’occasion du renouvèlement de contrat du maire sortant ou pendant le mandat de son prochain successeur. Il serait bon que les prétendants à la Maison des Princes se prononcent clairement sur le sujet à l’occasion de la campagne qui démarre. Les pages de mon blog leur sont ouvertes s’ils le souhaitent.

Pour ma part je considère que la méthanisation apparait comme une bonne solution au traitement des déchets organique MAIS, compte tenu de la complexité des tenants et aboutissants (choix du site, accessibilité, mesures de sécurité, rentabilité, traitement des produits de récupération…), elle doit se concrétiser dans des conditions qu’il convient de préciser et de maitriser. Tout projet devrait donc obtenir l’approbation des citoyens dont la consultation me parait un préalable incontournable à toute décision.

(1) Pour en savoir plus sur le sujet je vous invite à visualiser un diaporama de la construction en Haute-Marne d’un méthaniseur de 4.500 tonnes, donc 10 fois plus petit que celui envisagé à Lann-Hir à Pont-Scorff, en allant à l’adresse : http://www.haute-marne.chambagri.fr/kit/environnement-energie/energie-et-agroressources/methanisation-a-la-ferme/lunite-de-methanisation-de-la-sarl-eurekalias.html.

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  1. Gazette des communes

    Sept régions françaises vont expérimenter une procédure d’autorisation unique pour construire des parcs éoliens et des unités de méthanisation produisant du biogaz, afin de simplifier les démarches administratives, a annoncé mercredi 19 mars le ministère de l’Ecologie et de l’Energie.
    Cette nouvelle autorisation unique, qui vise les installations classées pour l’environnement (ICPE), « concernera à titre expérimental, les installations de production d’énergie renouvelable (parcs éoliens et installations de méthanisation) » en Basse-Normandie, Bretagne, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais et Picardie, toutes volontaires, indique le ministère dans un communiqué.
    Pour deux régions supplémentaires et également volontaires, Champagne-Ardenne et Franche-Comté, la simplification concernera l’ensemble des installations classées ICPE « soumises à autorisation ».
    Démarrage en avril 2014 – L’expérience, qui permet de remplacer toutes les autorisations distinctes existantes (autorisation ICPE, permis de construire, autorisation de défrichement, dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées, etc.) commencera en avril, précise le ministère.
    « Le porteur de projet pourra ainsi obtenir, après une seule demande, à l’issue d’une procédure d’instruction unique et d’une enquête publique, une autorisation unique délivrée par le préfet couvrant l’ensemble des aspects du projet dès lors que celui-ci respecte l’ensemble des prescriptions applicables », souligne-t-il.
    Délai d’instruction ramené à 10 mois – L’expérience, qui s’inscrit dans le cadre du « choc de simplification » annoncé par François Hollande, vise à ramener à 10 mois le délai d’instruction de ces projets, en simplifiant mais aussi en sécurisant juridiquement la procédure. Actuellement, moins de la moitié des dossiers sont bouclés en moins d’un an.
    Le ministère a également annoncé une deuxième expérimentation, qui concerne cette fois le « certificat de projet ». Rédigé par le préfet, il permettra notamment de « cristalliser » le droit applicable au projet durant deux ans maximum, évitant les complications entraînées par les changements de règles durant un projet. Trois régions vont l’expérimenter: Aquitaine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, là aussi à partir d’avril. La Bretagne pourrait les rejoindre rapidement.
    Un bilan de ces simplifications sera fait fin 2014, informe le ministère.

    Communiqué par Guerlesquin cadre de vie association en lutte contre un projet de méthaniseur soutenu par le maire sortant.

  2. Tous les moyens de produire de l’énergie possèdent leurs faces obscures et le procédé de méthanisation n’échappe pas à ce constat. Une rapide recherche sur le NET indique un nombre important d’installations de méthanisation détruites par incendie ou explosion (méthane, hydrogène – explosion spontanée à 4% de concentration dans l’air). Les odeurs sont aussi une nuisance courante en particulier lorsque les installations utilisent des ordures d’origine biologique, citons également le risque de foyer d’infection pour des bactéries résistantes aux antibiotiques. En outre, le coût des équipements est élevé entre 500 000 et 1 millions d’euros l’unité. A l’usage, il se trouve parfois que ce procédé mal maîtrise est une fausse solution: ce procédé ne détruit pas les les nitrates et le compost produit n’est pas toujours de qualité agricole, cas de déchets issus du Tri Mécano Biologique, dans ce cas le compost produit est pollué et éliminé en décharge.
    La méthanisation est un procédé fonctionnel sous réserve de quelques précautions: unité de taille petite voire moyenne en adéquation avec la quantité et le type des déchets à traiter. Les déchets ménagers doivent provenir d’un rigoureux tri sélectif et que les résidus remplacent les engrais minéraux utilisés en masse dans d’autres régions. Dans ce cas, les déchets de qualité vont se faire rares, faut-il comme en Allemagne stériliser de grandes surfaces agricoles pour produire du mais dédié au seul profit des méthaniseurs qui nécessitent pour leur fonctionnement environ 30% de lisier, 20% d’herbes et 50% de mais.
    En conclusion, la méthanisation fonctionne sous réserve de traiter ces équipements comme des installations à risques technologiques élevés et de maîtriser toute la chaîne amont et aval des déchets. Ensuite la question est de savoir si les terres agricoles peuvent être gaspillées pour produire de la bioénergie.
    Pour les travaux à risques technologiques, j’observe une faiblesse des maîtrises d’ouvrages voire une faillite (cas de la rectification du carrefour) qui entache le crédit des aménageurs trop souvent dans le discours «on s’occupe de tout, tout est sous contrôle…» puis devant le fait accomplit, les riverains se débrouillent avec les nuisances. Pour ces équipements, les études doivent s’attacher à isoler et réduire tous les effets pervers générés par ces installations et ne pas se limiter aux seuls bénéfices espérés comme c’est hélas trop souvent le cas, c’est le prix à payer pour faire accepter ces projets par la population.

  3. Bonjour.

    Lors de la réunion dont vous faites état, une délégation de Guerlesquin cadre de vie, en lutte contre « le plus gros méthaniseur de Bretagne » (+ de 100000 tonnes an) était présente, nous nous sommes d’ailleurs exprimés à cette occasion.
    Après diverses péripéties, dont la moindre n’est pas le dépôt de bilan de Genev bioénergies, porteur originel du projet, celui-ci a été repris avec le soutien intangible du maire de Guerlesquin. Nous en sommes à la construction de la voie d’accés (aux frais de la communauté de communes qui a généreusement offert le terrain)
    Des recours sont engagés auprès du tribunal administratif… Nous n’en ferons pas plus long, tout est explicité sur notre site : http://guerlesquin-cadredevie.fr ….
    La méthanisation industrielle est, du fait des subventions dont elle bénéficie et du prix d’achat « hors normes » de la production d’électricité, fort « juteuse » Et ses tenants sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

    A votre disposition pour tous éléments complémentaires qu’il vous plairait d’obtenir. (via notre adresse ci-dessous)