Photo : DCNS
Dans son éditorial du 19-20 septembre 2015 M. Régis Hutin (patron du quotidien Ouest France) revient sur l’affaire des Mistral en approuvant la décision de M. Hollande qui a rompu le contrat de vente de ces deux navires avec les Russes. D’un point de vue éthique, cette approbation qui consiste à dire : “Je ne veux pas que vous fassiez un mauvais usage des armes destructrices que je vous vends” est tout à fait louable. Malheureusement, la géopolitique ne s’accommode guère de ce genre de préjugés. En cassant unilatéralement le contrat de vente, M. Hollande au contraire, a fait un mauvais choix pour plusieurs raisons dont voici les principales :
1) Dans le contrat liant les deux parties en question il n’est nullement fait mention de clauses restrictives quant à un “mauvais” usage des navires. Si cela avait été le cas, les Russes ne l’auraient pas signé.
2) Le commerce des armes dont la France est championne (4ème exportateur mondial derrière la Chine, la Russie et les USA) est incompatible avec les notions d’éthique sachant que les intérêts des uns sont contradictoires avec ceux des autres. Péremptoirement je dirais : quand c’est vendu, c’est vendu ou alors il ne fallait pas vendre.
3) En mécontentant un “gros” client, à défaut de le perdre, on le rend plus méfiant et on perd pour l’avenir une crédibilité vis à vis de ce client ainsi qu’auprès d’autres clients éventuels. Le commerce de la vente des armes n’est pas un monde de bisounours.
4) Pour d’autres pays qui jouent un double jeu comme l’Arabie Saoudite et le Quatar la France affiche moins de scrupules pour vendre ses “Rafale”. Il y aurait donc des bons et des mauvais clients. Pas très cohérent et commercial comme raisonnement.
5) En rompant un contrat on s’expose à des mesures de rétorsions que les Russes n’ont pas tardé à appliquer : lourdes pénalités, blocages des produits exportés (porcs, lait…). L’embarras de nos agriculteurs ne semble pas préoccuper M. Hutin.
6) Nos ingénieurs et techniciens se sont donnés beaucoup de mal pour réaliser ces bijoux de technologie. Ils ont dû se sentir floués lorsqu’ils ont appris la nouvelle. A l’avenir leur enthousiasme pour ce genre de réalisation risque d’être modéré.
Par conséquent, contrairement à ce que pense M. Hutin, il fallait conduire ce contrat à son terme au nom de l’engagement signé et en affirmant si nécessaire, même hypocritement pour sauver la face, que cette vente n’aurait pas eu lieu dans le contexte géopolitique de la livraison des navires (Annexion de la Crimée et guerre en Ukraine). Les politiques s’accommodent de décisions bien plus contestables et qui n’ont pas le même écho auprès du public. M. Hollande a-t-il pris sa décision en dehors de toute pression ? J’en doute. Et vous ?
NDLR : billet transmis au courrier des lecteurs du quotidien.
En avait-il le choix ? Les pressions sont multiples : européennes, pressions des anciens pays satellites de l’URSS – pays anglo-saxons qui peuvent bloquer le paiement international par le réseau SWIFT (société américaine localisée en Belgique), pour mémoire l’amende de quelque 8 milliards de la BNP – Une dette française monstrueuse, véritable bombe nucléaire économique qui pourrait nous ramener au niveau de la Grèce – Obligations vers nos partenaires par la pleine intégration à l’OTAN. Et non, la France est devenu un pays moyen qui doit prendre en compte l’avis de partenaires…
Mais qu’est ce que nous sommes allés faire dans cette galère…