C‘est bien connu, l’Administration n’est pas un modèle de réactivité. Le législateur, d’ailleurs, constatant de nombreux abus, a même dû intervenir afin que, pour certaines demandes, un délai maximal de 2 mois lui soit imposé. Mais il y a bien sûr des exceptions. Ce serait trop simple !
Voici 2 exemples récents qui illustrent parfaitement l’indolence de notre Administration avec les conséquences fâcheuses et préjudiciables que cela peut parfois entraîner (voir aussi le site l’Incorrect qui traite le sujet).
- L’Ouest-France du 6 juillet 2021 (page Hennebont) rapporte que la soirée nocturne médiévale prévue le 31 juillet sera annulée « faute de réponse de la Préfecture dans des délais raisonnables…Il aura fallu un mois et demi avant d’avoir un courrier nous avisant que ce n’était pas la Préfecture qui était compétente ! » signale le président de l’association. Et tant pis pour les bénévoles qui se sont investis ainsi que pour les spectateurs qui attendront 2022.
2. Le 29 mai 2020, en plein Covid-19, un ami et collègue de travail apprend qu’il est atteint d’un mésothéliome pleural.
Cette maladie est un des cancers de l’amiante faisant l’objet d’une déclaration auprès de la sécurité sociale qui la reconnait à 100 % comme d’ailleurs le FIVA (Fond d’indemnisation des victimes de l’amiante).
Il s’en suit pour la victime un long et douloureux chemin de soins pendant lequel il devra affronter aussi la redoutable machine administrative.
Ancien fonctionnaire du Ministère de la Défense où il a travaillé 40 ans, à la retraite depuis 2003, son dossier de maladie va connaître un parcours digne d’un vaudeville de Courteline. Jugez-en.
Le Service des Pensions et des Risques professionnels de La Rochelle (SPRP) qui a établi son parcours professionnel pour déterminer le montant de sa pension, faute de disposer d’un dossier complet, fait appel à différents services de l’État susceptibles de lui venir en aide. Ainsi, son dossier va voyager à travers le pays en passant par La Rochelle, Lyon, Rennes, Saint-Étienne, Châtellerault, Lorient, Quimper, pour terminer sa course à Vannes où, une Commission de Réforme va statuer sur l’éventualité d’un lien entre sa pathologie et son activité professionnelle. Comme si cette maladie pouvait être contractée en allant à la pêche aux moules (mon ami Loïc habite à l’entrée du Golf du Morbihan).
Pendant ce parcours d’un an, deux administrations vont signaler qu’il serait nécessaire que mon ami soit examiné par un médecin expert agréé, mais aucune de ces administrations ne jugera utile de lui adresser une convocation.
Lorsque la Commission de Réforme se réunit le 1er juillet 2021, faute de disposer de l’indispensable expertise agréée dont elle sait pertinemment qu’elle ne figure pas dans le dossier, elle considère elle aussi le dossier incomplet et invite à son tour mon ami à se faire expertiser avant de revenir ultérieurement devant ladite Commission.
Là, vous vous dites que l’expertise ne va pas traîner. Détrompez-vous ! Il n’y a pas de médecin expert agréé dans le Morbihan pour cette maladie et il va donc falloir en trouver un ailleurs. C’est à une Responsable de l’Administration (laquelle n’ignore pas non plus la nécessité d’une expertise agréée) et présente lors de la Commission, que va incomber cette recherche ! Ce médecin sera-t-il à Brest, Rennes ou Quimper ? Aucun représentant de la Commission ne peut l’affirmer.
Au final, du moins on l’espère, quand les congés d’été seront passés, le médecin désigné et l’expertise réalisée, avec un peu de chance mon ami sera convoqué à nouveau devant la Commission de réforme en novembre ou décembre prochain… si, bien sûr, la maladie n’en n’a pas décidé autrement.
Alors , elle vient d’où cette lenteur qui exaspère nos concitoyens ? D’un manque d’effectifs ? d’une mauvaise volonté, d’une surcharge de travail ? d’une volonté délibérée d’atteindre des objectifs inavouables ? Qui sait ? En attendant, l’Administration, à chaque quinquennat, connait un nouveau « Monsieur simplifications administratives ». On continue de s’interroger sur sa réelle utilité.
Photos : @DR – https://medievales-hennebont.com/ – https://csdcgtain.org/commission-de-reforme/ – Le Figaro – https://retraitesdeletat.gouv.fr/accueil/nous-connaitre
Nous avons environ 5,5 millions de fonctionnaires répartis à la louche entre l’état, les collectivité et la santé, il se rajoute environ un million de personnes employées par des associations qui font dans les faits le travail de l’état, notons que ces personnels sont plutôt de qualité et j’ai la faiblesse de penser que ces errements ne leurs sont pas imputables. Par contre, la crise que nous traversons révèle l’obésité de la haute bureaucratie de santé et par extension j’imagine qu’il en est de même dans les autres secteurs. Chacun pourrait dans son entourage citer un exemple de dysfonctionnement : je pose des petites fenêtres de toit pour parfaire l’aération estivale d’un petit penty dans le Finistère, déclaration de travaux dûment déposée en mairie en main propre, à ma demande d’accusé de réception j’avais l’impression de demander la lune. A suivre, deux paperasses de la mairie pour vérifier la création éventuelle de la surface taxable sacrée, demandes suivies par un dossier à compléter des services fiscaux de ma métropole de rattachement et tout ça pour des clopinettes. Le vrai et seul problème de notre administration c’est sa gouvernance et l’inflation de textes de lois, le cadre de terrain est complètement perdu dans cette jungle juridico-administrative de réformes permanentes. Quant à internet et les sites là c’est le bouquet, si vous estimez que parce que vous avez expédié un Mail le problème est réglé… deux cierges à notre dame des bonnes nouvelles.
PS: Bonnes vacances à tous.
Ce n’est pas défendre l’administration, quoique c’est un sport très prisé chez les Français que de la critiquer et, parfois, à raison. Cependant, il faut rappeler que depuis des décennies maintenant, tous les gouvernements qui se sont succédé, de droite comme de gauche, n’ont eu de cesse que de réduire ses moyens et ses effectifs, sans pour autant améliorer les conditions de travail et de rémunération. Les difficultés rencontrées pendant la crise sanitaire en sont la plus grande preuve concernant la Santé qui continue d’ailleurs à subir les conséquences de la politique d’économies drastiques décidées par ce gouvernement, comme ses prédécesseurs. Et il en va de même pour tous les services publics, dont beaucoup ont connu la privatisation de certaines de leurs activités, sans que le service rendu se soit notablement amélioré (Ex.: La Poste, les Télécoms, les autoroutes, l’Eau, l’Électricité, etc). Il faut sans doute rappeler également que les entreprises privées ont essentiellement pour but de faire des bénéfices, d’engraisser leurs actionnaires et, accessoirement d’assurer le service prévu. Aussi, plutôt que de taper toujours sur les mêmes, il serait préférable de trouver et d’accuser les véritables responsables des désordres sciemment organisés. Sans doute pour mieux privatiser dans la foulée.