Société : comment va la Santé ?

La vôtre est peut-être bonne, en tout cas je l’espère, mais celle de notre pays est des plus inquiétantes. Jugez du peu :

  • Le manque de médecins est de plus en plus dramatique, et pour cause. Le numérus clausus a été revu à la baisse pendant plusieurs décennies (merci Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron et certains toubibs qui auraient dû réagir plus tôt). Qu’à cela ne tienne ! On embauche en hôpital des « mercenaires » à 2000 euros, voire plus, la journée en attendant enfin l’arrivée d’une nouvelle vague de praticiens installés et expérimentés. Par ailleurs, les médecins femmes préfèrent opter pour la formule « remplacements » qui leur permet un travail moins stressant et d’être plus proches de leur famille (la mienne fait ses 40 heures en 4 jours !). Certaines préfèrent les gardes du week-end qui leur laissent plus de temps libre. Une médecine à la carte en quelque sorte ! Exercer comme les médecins des années 60 que l’on pouvait réveiller à toute heure de la nuit est de nos jours impensable. Une vieille lune !  Il faut vivre avec son temps parait-il.
  • On ferme des lits puisqu’il n’y a pas assez de médecins. On fait ainsi les économies demandées par Bruxelles (capitale du Lobbying) qui se moque bien qu’une future maman accouche à 80 km de chez elle ou sur une aire d’autoroute (voir la situation des maternités plus bas).
  • Les urgences sont débordées à la moindre épidémie (Bronchiolite fin 2022). Pour y faire face les services concernés sont amenés à trier les malades (n’en déplaise aux autorités qui réprouvent ce terme) et à les «dispatcher» vers des hôpitaux moins chargés. L’émission « Sept à Huit » du 26 février 2023 annonçait que 150 personnes étaient décédées en décembre 2022 pour cause d’urgences saturées !
  • Nos stocks de médicaments sont insuffisants ou en rupture, parce qu’ils sont mal gérés et surtout dépendants de l’étranger (Chine et Inde). Et on s’aperçoit brusquement qu’en matière de délocalisation on n’a pas pensé à tout ! C’est bête non ? Et s’il n’y avait que les médicaments de concernés !
  • Retardées par la crise Covid de nombreuses opérations chirurgicales ont été reportées. La situation d’un certain nombre de patients s’est aggravée et il y a fort à parier que quelques uns en ont déjà fait les frais. Bah ! on les mettra dans les statistiques Covid !
  • Les spécialistes refusent les nouveaux patients. Mon cardiologue ouvre des créneaux de rendez-vous tous les trois mois pendant une journée. Si la date m’est communiquée, c’est à moi qu’il revient d’appeler dans l’intervalle de temps laissé libre quelques secondes entre deux patients qui comme moi se précipitent dans le créneau. Un petit jeu (qui s’apparente à celui des chaises musicales lors des mariages) où l’on perd à chaque coup et qui fait vite monter la tension. Reste, selon la secrétaire du cardiologue peu amène, à se connecter au site Maïïa où figurent, entre autres, les cardiologues de votre région susceptibles de vous accueillir, à condition bien sûr qu’ils ne soient pas non plus trop débordés ! Et si Internet n’avait pas été inventé ? Aurais-je attendu que mon cardiologue m’appelle ?
  • Les médecins généralistes se considèrent mal payés, ce qui n’est pas faux, et demandent le doublement de leurs honoraires en pleine période d’inflation (c’est peut-être beaucoup d’un seul coup non ?). Ils manifestent en fermant leurs cabinets profitant de la situation de crise pour rajouter à la crise. Jusqu’à présent ces actions ont été sans effets, mais leurs motivations restent intactes. Et les discussions se poursuivent.
  • Un tiers des maternités ont fermé en 20 ans. Un rapport récent (?) pour l’académie de médecine considère qu’ 1/4 des maternités restantes sont dangereuses (Le 13-14 France Inter du 1er mars 2023 – Écoutez l’extrait concerné ci-dessous). Ahurissant au pays de la 5ème ou 7ème puissance mondiale !

 

  • Pour pallier le manque de médecins généralistes, une proposition de loi émanant d’une députée Renaissance – médecin à ses heures (elle est rhumatologue et ne travaille que le lundi) – envisage d’élargir le champ des compétences de soins à d’autres professions médicales et paramédicales (aux infirmiers, kinésithérapeutes et pharmaciens entre autres). Si l’idée peut paraître séduisante à certains égards, notamment pour le renouvellement de médicaments sur ordonnance, dans le cas de pathologies évolutives ou cachées, elle présente de gros risques pour les patients. Mais c’est malheureusement vers ce genre de médecine que l’on se dirige. Si vous êtes d’un naturel inquiet, soyez rassuré(e) ! Vous aurez bientôt près de chez vous une cabine de téléconsultations. Très pratique quand un enfant doit monter sur le siège accompagnateur pour montrer au télé-médecin l’endroit de son abdomen où est située la douleur ressentie. On ne rit pas !

Cette situation que l’on pourrait qualifier comme notre ministre de l’intérieur de « bordélisation » est d’autant plus invraisemblable quand on sait que nous possédons, selon les nombreux ministres de la santé qui se sont succédé et quelques journalistes cocardiers, un des meilleurs services de santé au monde ! Si, si ! comme si rien ne s’était passé ces dernières années. On imagine aisément comment cela doit être ailleurs ?!?

Un meilleur service de santé ? Tout compte fait, ce n’est peut-être pas faux si on le regarde sous l’angle organisationnel. A l’occasion de la dernière épidémie de Covid, les Français ont pu découvrir que nous possédions «un organigramme santé» hors pair et parfaitement structuré. Une pyramide bien équilibrée à tous les étages comme on peut le voir ci-après.

Un Ministre de la Santé avec ses directions centrales (DGS-DGOS-DSS) – Un Directeur-général de la Santé – Une Direction de Santé Publique – Un Directeur de la Haute Autorité de Santé – 19 Directeurs des Agences Régionales de Santé  – Un Directeur de l’Agence Nationale Sanitaire – Une Direction de l’Alliance Nationale pour les Sciences de la Vie et de la Santé – Un Centre de références et d’expertise en santé publique – Un Centre National de Recherche Scientifique en Virologie Moléculaire – Une Agence Nationale de Sécurité du Médicament et de la Santé – Un Haut Conseil de veille sanitaire – Un Haut Conseil de la santé publique – Une Direction des maladies infectieuses – Un nombre d’infectiologues parisiens incroyablement et anormalement élevé que l’on a pu voir ou écouter pendant la crise Covid sur les télévisions et radios nationales.

Mais comme si tout cela ne suffisait pas, nos chers politiques, monstres d’efficacité et de pragmatisme ont aussi créer :

Un Conseil scientifique relayé par un Comité de veille sanitaire – Une Agence nationale de sécurité de logistique médicale – Un Conseil national de certification pour imposer une marche à suivre aux praticiens notamment en matière de prescription. Grâce à ce dernier conseil, tous les médecins ont obligation de prescrire les mêmes médicaments pour les mêmes maladies. Et gare aux tricheurs !

Force est de constater que malgré les moyens colossaux mis en œuvre pour et par le ministère de la Santé, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes des Français. La situation est  d’autant plus incompréhensible quand on sait les formidables progrès techniques réalisés par la Médecine, mais qui se trouvent malheureusement entravés par l’impéritie administrative.

Prions chers concitoyens pour que nous restions en bonne santé ou que nous n’ayons pas à nous rendre aux urgences, encombrées par quelques individus fortement alcoolisés ou le nez enfariné, un soir de week-end !

Sources : https://www.gouvernement.fr/le-ministere-des-solidarites-et-de-la-sante –   https://blogs.mediapart.fr/le-moine-copiste/blog/120821/macron-controle-desormais-la-medecine-en-france – https://gnius.esante.gouv.fr/fr/acteurs/fiches-acteur/haute-autorite-de-sante-has – https://crh.cgos.info/informations/qu-est-ce-que-le-haut-conseil-de-la-sante-publique-hcsp – https://gnius.esante.gouv.fr/fr/acteurs/fiches-acteur/agence-nationale-de-securite-du-medicament-et-des-produits-de-sante-ansm – http://www.mutualistes.com/conseil-veille-sanitaire – https://www.actuia.com/acteur/alliance-francaise-pour-les-sciences-de-la-vie-et-de-la-sante/ – https://www.larepubliquedespyrenees.fr/ – https://phone-help.com/secretariat-medical/partenariat-maiia-secretariat/ – https://www.qwant.com/?client=brz-moz&t=images&q=m%C3%A9decins+remplacants&o=0%3ABB00B4EAE0DDFDB92791585B250EE4FED2CB93F7 – https://www.pinterest.fr/pin/600738037776226308/ – http://www.le-blog-de-roger-colombier.com/2015/01/medecins-en-greve-etre-pour-ou-ne-pas-etre.html – https://www.medispot.fr/ – France Inter 13-14 du 1er mars 2023

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3 commentaires

  1. Pour répondre à la question : est-ce que votre santé est bonne? Je réponds tout simplement oui et même très bonne. Pour le reste, le mur des lamentions à la française est bien plus important que celui en Israël (ceci sans me moquer). Alors pour moi : mare d’entendre gémir. Posons-nous la question de savoir comment peut-on construire l’avenir avec ce que l’on a. Que les éternels pleureurs et pleureuses officiels qui gémissent sur ce que l’on a plus ou pas, comprennent que cela ne sert à rien. Je ne me pose qu’une seule question :  » comment puis-je faire pour que lors des prochains votes, en dehors de tout parti politique, car, pour moi, cela ne veut plus rien dire, je vais voter pour un homme ou une femme qui sera consciente de la réalité dans laquelle on vit. Ils ne sont pas nombreux ces politiciens ou politiciennes qui mérite mon vote. Je dis mon vote, car demain ce sera également pour chaque citoyen la même responsabilité. Quant à ceux qui ne votent pas, ils n’ont qu’une chose à faire : la boucler. Pour les politiciens, ce doit être comme pour le président de la république : pas plus de deux mandats. Nous aurions moins d’inutiles dans le monde de la politique.
    Une dernière réaction : il y a 15 jours, je discutais avec des jeunes issus de tout milieu social et de milieu d’éducation très différent. Voici la déclaration que j’ai entendue et écoutée de la part de certains :  » On nous critique pour notre violence, mais, elle n’est que l’image des comportements des politiciens d’aujourd’hui et avec ce qui se prépare, les morts dans les manifs vont pouvoir se compter et nous continuerons à être jugé pour violence!

  2. Hélas il n’y a pas que la santé, tous les domaines sont en grande souffrance. J’avoue que la lecture de ma bible de l’historien américain Robert O Paxton, la France de vichy – Ed Points éclaire tragiquement notre politique. « …La catastrophe de 40 est en partie celle de l’élite… Après la guerre ils nationalisent l’école libre des Sciences politiques cette vielle pépinière de l’élite en créant l’École Nationale d’Administration. Or cette ENA n’est tout simplement qu’un échelon supplémentaire de l’élite traditionnelle que gravissent les plus doués…. A la libération dira plus tard André Passeron, on a voulu détruire les chapelles de hauts fonctionnaires, et l’on a bâti une cathédrale…. ». «  L’appareil bureaucratique est solidement défendu par ses technocrates, au point d’être pratiquement inaccessible aux non-professionnels …».

    A lire et à relire :
    https://www.babelio.com/livres/Paxton-La-France-de-Vichy–1940-1944/680864

  3. Effectivement, notre situation est des plus préoccupante. Chaque semaine les médias se font l’écho de catastrophes, de dysfonctionnements, de pénuries attestant l’état déplorable du pays dans le domaine de la Santé. Et s’il n’y avait que la Santé, mais en réalité tous les services publics sont affectés. Il fallait rationaliser, rentabiliser, restructurer et, bien sûr, réformer !!! Le moins que l’on puisse dire est que nos énarques, technocrates et autres gestionnaires-experts y sont allé de bon cœur. Par contre, en matière d’industrialisation, de commerce extérieur et bientôt d’agriculture les résultats leurs résultats ne sont guère mirobolants. Pas même en matière de Défense, où les mêmes méthodes ont conduit, évidemment, aux même délabrement, avec des effectifs et des matériels insuffisants, sinon inadaptés aux nouvelles menaces. Heureusement que « gouverner, c’est prévoir ». De nos jours, les hommes politiques n’ont d’autre vision que celle de leur mandat et de leur ré-élection éventuelle. Quant aux « élites », elles privilégient le plus souvent la rentabilité immédiate aux investissements durables préparant l’avenir. Mais le citoyen lambda n’a pas lieu non plus de s’exonérer de ses responsabilités pour avoir cherché, avant tout, à « profiter au maximum », sans s’inquiéter outre mesure de l’avenir, le sien comme celui de ses proches, à payer toujours moins d’impôts, etc. Et arrivent les situations comme celles d’aujourd’hui et que certains semblent découvrir avec surprise, en allant aux urgences, à la Poste (quand ils trouvent un bureau encore ouvert), quand ils veulent renouveler leur carte d’identité ou leur passeport pour partir en vacances, quand ils veulent prendre rendez-vous chez un spécialiste, etc, etc. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été alertés régulièrement par les personnels des services restructurés, rationalisés, réformés. Mais, évidemment, chacun et tout le monde s’en fout dès lors que l’on n’est pas directement concerné et/ou confronté au(x) problème(s). Mais chacun et tout le monde va maintenant gueuler, brailler et, surtout, trouver un ou des boucs-émissaires pour ces situations subies. En premier lieu la personne que l’on trouve en face de soi au premier guichet, à l’accueil des urgences ou de ces services publics toujours plus dégradés. C’est tellement plus simple que d’interpeller les véritables responsables, dont soi-même.

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