Incendies de forêts en France : le Président s’implique ardemment

Début août, et ça tombait mal, alors que les forêts des Landes brûlaient, les sénateurs s’apprêtaient à publier un rapport (bien tardif, il faut le souligner) sur les incendies de forêts. Dans ce rapport, ils préconisaient un rôle et des moyens accrus pour l’Office national des forêts (ONF) dont la mission est justement la protection des forêts nationales. C’est ce nous rapporte le Canard enchaîné du 10 août 2022 dont je vous ai fait copie en fin de billet.

Le Président Macron ayant eu vent du rapport a essayé précipitamment d’atténuer les effets de ce brûlot en annonçant la nomination d’une remplaçante à l’ancien directeur de l’ONF le général Bertrand Munch, limogé depuis 4 mois, et dont la succession avait été « oubliée ». L’heureuse pistonnée est Valérie Metrich-Hecquet, une ancienne collaboratrice de Lionel Jospin chargée de l’agriculture au cabinet de François Hollande.

 Le coup aurait donc pu être rattrapé de justesse mais, manque de bol, le calendrier politique de fin de session ne permettait plus d’étudier la candidature de l’impétrante par les députés et sénateurs… ces derniers ayant déjà à s’occuper de celle d ‘Emmanuelle Wargon (ancienne Ministre du logement) proposée elle aussi par le Président, mais cette fois à la direction de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Une manière de la consoler de son échec aux dernières législatives en lui octroyant de surcroit un salaire brut mensuel de 16.683 euros, bien plus intéressant que celui de ministre. La future directrice générale de l’ONF patientera donc jusqu’à la rentrée avant d’envisager une rémunération similaire.

Mais son sort n’est pas scellé pour autant. Les sénateurs mécontents du choix de madame Wargon qui les a pris de haut, peuvent se souvenir que Valérie Metrich-Hecquet, autrefois ministre de l’agriculture, a supprimé 500 emplois à l’ONF pendant son règne, après déjà une coupe claire de 2000 agents ces dernières années.

Au final, rien de surprenant que 60.000 hectares de nos forêts se soient transformées en fumées cet été. Il faisait très chaud, il n’y avait plus d’eau, les pompiers étaient en nombre insuffisant, ils manquaient de canadairs, l’ONF était sans directeur, ses effectifs en réduction constante et, pendant ce temps… notre Président faisait du Jet-ski.

Dormez braves gens, nos politiques s’occupent activement de vous. Il est grand temps de leur rappeler que gouverner c’est prévoir.

« Les incendies provoquent un coup de chaud à l’Élysée ».

Sources : https://www.senat.fr/ – Le Canard enchaîné – https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-dossiers-de-presse/Dossier-de-presse-lutte-contre-les-feux-de-forets

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2 commentaires

  1. Comme la catastrophe de 40 pourtant à l’époque la France possède une des plus belle Élite du Monde comme l’indique Robert O Paxton dans son livre sur « La France de Vichy » (ce petit bouquin se lit comme un roman) Extrait : « Les nouveaux ministres technocrates ne sont pas des inconnus, ils occupaient avant 1940 des postes importants. En ce qui concerne les prouesses scolaires du moins, ils battent de loin leurs prédécesseurs, Jean Bichonne, « major » de l’École polytechnique, eut les meilleurs résultats jamais enregistrés à l’X. Jean Berthelot est sorti major de Polytechnique et de l’École des Mines. Robert Gibrat est lui aussi premier aux Mines et dans un excellent rang à Polytechnique. Les hauts fonctionnaires peuvent se prévaloir d’avoir réussi aux examens et concours les plus difficiles du monde exigés pour rentrer dans l’administration publique. Les Américains diraient qu’ils forment un « brain trust », les Anglais un « regime of double first ». Vichy a attiré l’élite professionnelle ; ses échecs sont dans une certaine mesure les échecs de cette élite ».
    Je pense que si cet illustre historien devait se pencher sur la situation actuelle il sortirait sans doute les mêmes arguments, nous reproduisons les mêmes erreurs qui nous amèneront dans des situations comparables.

  2. En fait, c’est, un peu, comme en 40. En effet, on découvre une fois la crise survenue (crise sanitaire, incendies et catastrophes naturelles, etc) que les moyens et les effectifs de nos Services Publics sont insuffisants. Ça alors ! C’est comme les armées, ça ne sert pas non plus tout le temps : éventuellement en cas de guerre. Or, depuis des décennies, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse que de réduire nos Services Publics à coups de réformes structurelles, rationalisations, etc, pour obéir à la doxa bruxelloise de la rigueur, des économies budgétaires. Ils ont fini par les mettre à l’os. Les citoyens seraient mal venus de critiquer. En effet, ils sont complices de cette situation catastrophique pour avoir voter pour ces politiques, pour payer toujours moins d’impôts. Mais quand la catastrophe fini par arriver, tôt ou tard, il est trop tard pour geindre. Gouverner, c’est prévoir paraît-il. Or, nos dirigeants n’ont pour horizon que leur ré-élection, dans les cinq ou six années à venir, quand il faudrait s’engager et planifier sur des décennies. Par contre, ils sont très forts pour trouver des boucs-émissaires. Ainsi, ils n’ont aucun scrupule pour dénoncer les services de Météo France qui n’auraient pas détecté suffisamment tôt les risques concernant la dernière catastrophe en Corse. Mais qui a réduit les moyens et les effectifs de Météo France ces dernières années ? Qui a également réduit les effectifs et les moyens de l’ONF, des pompiers, des médecins et des soignants, des enseignants, etc ? Quand on sait que les Services Publics sont justement la richesse de tous ceux qui n’en pas, il conviendrait de mieux les défendre, parce qu’ils servent toujours et à tous, un jour ou l’autre. Parce qu’il est toujours préférable de PRÉVENIR que de GUÉRIR. Cela coûte toujours moins cher, surtout au contribuable. Mais allez expliquer cela aux ex-banquiers, experts en tous genres, gestionnaires et petits comptables qui nous gouvernent. « Ces petits Néron en cravate sont là pour détruire, par jouissance infantile d’un pouvoir qui n’est qu’immense impuissance, et pour satisfaire leurs patrons, ceux qui financent leurs campagnes électorales, cabinets de conseil, entreprises frelatées, investisseurs professionnels du conflit d’intérêts : hôpital réduit à l’os, audiovisuel public privé de redevance, écoles et universités sous-dotées – tout y passe. Leur projet est de tout privatiser. La dévastation qu’ils portent a un nom : le nihilisme. Les forêts carbonisées par ces pyromanes ne le démentent hélas pas. » Aux citoyens responsables de savoir ce qu’ils veulent.

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